Des chiffres qui rassurent sur la courbe épidémiologique (incroyablement «descendante»), mais un mois saint avec le minimum de productions télé.
Interdiction de reprendre les tournages, a décidé le tribunal administratif. Le gouvernement lui-même, un moment tenté par «l’aventure», a fini par se raviser.
Il faut dire que vu la méchanceté du virus, vu sa vitesse de propagation, il n’y avait pas autre chose à faire. Des plateaux de tournage avec des attroupements de plus de cinquante acteurs, figurants et techniciens eurent, sans doute, occasionné des «dégâts». Dans une population d’artistes, qui plus est. Le Covid-19 ne fait pas de distinction, on le sait tous désormais.
A quel minimum avons-nous (aurons-nous) droit ?
Côté fiction, à tout travail que l’on a pu mener à terme. Plus ou moins. Au final, au plus petit nombre. A «Galb eddhib» de l’excellente Slimani, qui a fait tollé et procès entre «El Hiwar» et la «Watania». Sûrement une œuvre grand public, promise à un bel audimat. A «Nouba2» de Abdelhamid Bouchnaq, qui débute, comme prévu, sur les chapeaux de roues. L’écriture y est bonne, pareille à la première édition. On verra le reste, mais souvent dans le cinéma, l’écriture suffit à tout. Au scénario, cela va de soi. Le scénario n’est pas une histoire racontée à la manière du roman. C’est un découpage par images. Fait de rythmes, de cohérence et de précision. A l’accomplissement du jeu des comédiens, aussi. Les comédiens ne se risquent pas à des «lectures personnelles» quand ils s’appuient sans mal sur les textes qu’on leur confie. La version initiale de «Nouba» avait également profité à l’esthétique générale, décors et costumes parfaitement «ambiants», dans le ton… et le temps. A la musique, surtout. On dira là, qu’il y avait la touche Lotfi Bouchnaq. La vérité est que Bouchnaq père s’essayait à la composition «mezoued» pour la première fois de sa carrière. Et le résultat a été ce coup de maître de «kichbaht ekhialek». Morceau d’ontologie, surgi de l’imaginaire de nos quartiers «lambda».
La bonne nouvelle de «Nouba 2» est que ces mêmes qualités semblent se profiler déjà. Deux, trois épisodes, et nous retrouvons la même image, les mêmes atmosphères, le même jeu, la même musique. La même justesse et la même inspiration. On reproche à nos nouveaux répertoires de ne pas valoir les anciens. Abdelhamid Bouchnaq a tout l’air de rompre avec une croyance qui «n’a que trop duré».
Y a-t-il d’autres fictions nouvelles, prêtes ou «partielles» ? On n’en sait rien encore. Les spots précèdent d’habitude. A deux, trois jours du Ramadan, on n’en voyait toujours pas. Seule possibilité : le déconfinement «ciblé» dans quelque temps et des productions bouclées en deuxième quinzaine.
Improbable néanmoins. Plus qu’improbable. Les certitudes en revanche, et sur toutes nos chaînes : des plateaux shows sans public (on s’y fait déjà) et beaucoup de «réchauffé». Des feuilletons, sitcoms et autres variétés que l’on ressort des tiroirs et qui ont de la réussite malgré tout. Curieux.
Ce succès de «l’ancien» interpelle, en fait. A quoi l’attribuer ? Nos jeunes artistes, réalisateurs de télé et de cinéma, comédiens, musiciens, se rassurent, en quelque sorte, en parlant de «nostalgie».Ne vaudrait-il pas mieux y ajouter, que les inspirations et les talents sont plutôt «en panne» aujourd’hui ? L’aveu équivaudrait peut-être à une solution. A la solution. Maintes fois, on y a rappelé, ici : l’histoire de l’Art n’est jamais «linéaire». On a intérêt à la rendre telle, voilà tout. Cela étant, des vérités s’imposent toujours : on n’a pas encore égalé Shakespeare ou Chaplin. Les palais de l’Andalousie, non plus. Ni Brel et Bécaud. Ni (à l’évidence) Riahi ou Jouini.
On s’éveille à la réflexion sur la Culture en période de confinement. Ce Ramadan «a minima», sans spectacles, sans productions télé, y contribuera bien, espérons. Ne serait-ce en nous ramenant à ce que nous sommes (à notre juste mesure actuelle) et aux immenses mérites des anciens.
Bon jeûne, bonnes prières, et que Dieu préserve notre pays.